Alors que le ministre de l’Économie vient d’annoncer le relèvement du plafond du paiement par carte sans contact à 50 €, des clients s’inquiètent de se voir refuser leurs espèces. Pour certains, il s’agit de leur seul moyen de paiement.
Les banques en rêvent, elles ont peut-être, bien involontairement, été aidées par la pandémie de Covid-19 ! Remplacer les espèces par le paiement numérique est l’un des chevaux de bataille des établissements financiers. Avec à la clé, d’énormes économies pour eux : plus de gestion des flux matériels, plus d’installation et d’entretien des distributeurs automatiques, etc. Or le coronavirus a rendu suspects les pièces et billets de banque. Alors que 68 % des paiements se font toujours aujourd’hui en espèces, de nombreux commerçants craignent d’augmenter les risques d’infection en multipliant les contacts avec les pièces et billets. Une inquiétude pas illégitime d’ailleurs, puisque les chercheurs indiquent que le coronavirus peut survivre sur certaines surfaces pendant plusieurs heures, voire jours. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part appelé début mars 2020 à privilégier le paiement sans contact… tout en précisant que « l’on ne savait pas combien de temps le coronavirus pouvait survivre sur un billet ou une pièce de monnaie ». Il n’en fallait pas moins pour que des affichettes « Espèces refusées » ou « Paiement par carte bancaire uniquement » fleurissent dans certains commerces ou enseignes de la grande distribution. Parfois des messages audio incitent les clients à utiliser le paiement par carte bancaire dans la mesure du possible. Dans d’autres cas, des caisses spécifiques ont été mises en place pour les paiements en espèces.
L’interdiction des espèces illégale
Même si le paiement sans contact peut être encouragé pendant la période de pandémie, la règle juridique est clairement rappelée par toutes les autorités compétentes : un commerçant n’a pas le droit de refuser les espèces (il peut juste exiger l’appoint). La Banque de France a plusieurs fois martelé qu’il est interdit de refuser les espèces. Le défenseur des droits a pour sa part fermement indiqué le 6 avril dernier que « le paiement en espèces ne peut être refusé ». Il a ainsi attiré l’attention du gouvernement et des professionnels sur le fait que « de nombreuses personnes fragiles (majeurs protégés, personnes en situation de précarité économique, personnes âgées, personnes percevant les minima sociaux, etc.) ne disposent pas de carte bancaire ». L’enseigne Carrefour que nous avons souhaité interroger n’a pas répondu à nos questions, en revanche la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui représente notamment les enseignes de la grande distribution, a dénoncé la pratique consistant à refuser les espèces en déclarant : « Notre fédération est mobilisée pour que tous les commerçants acceptent les paiements en espèces et par cartes bancaires. »
Le plafond du sans-contact rehaussé à 50 €
Au moment où ces règles de paiement sont rappelées, les banques, encouragées par l’État, ont de leur côté travaillé pour augmenter le plafond du paiement sans contact jusqu’à 50 €. Dans un communiqué de presse du 17 avril 2020, Bruno Le Maire annonce que cette « évolution contribue au renforcement de la sécurité sanitaire dans le commerce de détail et facilitera ainsi une reprise rapide de l’activité dans ce secteur ». Les terminaux seront peu à peu modifiés pour intégrer cette évolution. Le 11 mai prochain, environ 11 millions de terminaux en France devraient être équipés. À noter que chez nos voisins, la même hausse a été initiée. Ainsi selon un expert proche du sujet : « En Allemagne, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, au Royaume-Uni, en Grèce, en Lettonie, en Lituanie et à Malte, les plafonds viennent d’être augmentés. Ces mesures sont temporaires aux Pays-Bas, en Grèce, en Lettonie et en Espagne. »
Quoi qu’il en soit, espèces ou carte, le plus important consiste à se laver régulièrement les mains, avant, pendant et après ses courses. Les espèces peuvent rajouter une surface de contact supplémentaire, mais ce n’est qu’une parmi beaucoup d’autres (poignées de portes, paniers de courses, contenants alimentaires, supports, etc.). Plus que le paiement sans contact ou l’espèce, l’essentiel est de conserver à l’esprit qu’il ne faut pas porter ses mains au visage pendant ses courses, se laver régulièrement les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique.
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Élisa Oudin