Alors que les autorités ne recommandent toujours pas la généralisation du masque dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, l’Académie de médecine appelle les citoyens à la mobilisation.
« Aux masques, citoyens ! » L’Académie de médecine n’y va pas par quatre chemins. Devant la réticence des autorités françaises à prôner le port généralisé du masque, sans doute en raison de la pénurie de produits manufacturés, elle appelle directement la population à prendre son destin en main. Ou du moins, sa protection contre le coronavirus, en s’équipant systématiquement de masques, y compris cousus ou bricolés à la maison, pour toute sortie du domicile. Objectif, briser les chaînes de contamination. « Attendre la date du 11 mai pour faire porter le masque aux Français, c’est accorder 3 semaines de répit au SARS-CoV-2 pour qu’il continue de se transmettre, c’est accepter plusieurs milliers de nouvelles infections, donc plusieurs centaines d’hospitalisations et plusieurs dizaines de morts supplémentaires », précise le communiqué publié mercredi 22 avril.
Le port du masque pour se protéger les uns les autres
Selon l’Académie de médecine, s’équiper d’un masque à chaque sortie du domicile est une « démarche altruiste ». Les données scientifiques disponibles montrent qu’avec un masque, on protège surtout les autres d’éventuelles projections contaminantes. Et si tout le monde en porte un, alors tout le monde protège tout le monde. C’est surtout vrai dans les magasins ou dans les transports en commun, où la fréquentation empêche de respecter la distance de sécurité. La vidéo tournée par le Dr Rochoy, un généraliste promoteur sur son site stop-postillons.fr des masques et écrans de protection maison, est éloquente : les deux situations les plus sûres sont, d’une part, celle où une personne qui parle et celle qui lui fait face portent toutes les deux un masque, d’autre part celle où la personne qui parle est équipée, et l’autre pas (1).
Une position partagée par d’autres institutions
L’Académie de médecine n’est pas la seule institution à plaider pour le masque. La Société française de santé publique (SFSP) le recommande depuis fin mars, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) depuis le 3 avril, tout comme leur équivalent européen, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Plusieurs pays ont franchi le pas, le conseillant ou le rendant obligatoire, comme au Portugal, en République Tchèque, en Pologne, au Canada ou au Maroc.
Même un masque fait de chutes de tissu (2), d’un bandana ou taillé dans un vieux t-shirt peut contribuer à limiter la progression du virus. Bien entendu, l’efficacité est nulle si le masque est mal utilisé : il faut veiller à bien couvrir la bouche et le nez, à se laver les mains avant de le placer et après l’avoir ôté, à ne pas l’enlever et le remettre à tout bout de champ, à ne pas le toucher le temps de la sortie.
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(1) https://www.youtube.com/watch?v=sdRoDuwZZaY
(2) Normes et informations sur la confection des masques sur https://www.afnor.org/actualites/coronavirus-telechargez-le-modele-de-masque-barriere/
Anne-Sophie Stamane