Après deux mois de confinement, de nombreux Français sont désireux de changer d’air et s’interrogent sur leurs possibilités de déplacement cet été. S’il semble acté que les voyages en France seront possibles, ce ne sera pas forcément le cas en Europe… et encore moins plus loin.
Les chiffres sont éloquents. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, 100 % des destinations mondiales ont encore des restrictions sur les voyages en place et 72 % ont même complètement fermé leurs frontières (dont 83 % des destinations européennes), selon les données collectées le 27 avril 2020. De son côté, l’Association internationale du transport aérien (Iata) n’entrevoit pas de retour à la normale dans le secteur avant 2023. Dans ce contexte d’épidémie de Covid-19, et alors que la France n’en est qu’à la première phase de son déconfinement, difficile pour les Français de choisir une destination où partir cet été.
Une chose est sûre (ou presque, l’épidémie étant imprévisible) : il sera possible de se déplacer en France cet été. Le Premier ministre Édouard Philippe l’a annoncé jeudi matin. « S’agissant des vacances, sous réserve de l’évolution de l’épidémie et de possibles restrictions très localisées en fonction de son évolution, nous privilégions une hypothèse raisonnable : les Français pourront partir en vacances en France [métropole et outre-mer, ndlr] au mois de juillet et au mois d’août », a-t-il déclaré au moment de présenter le plan du gouvernement en faveur du secteur du tourisme. Il est donc d’ores et déjà possible de réserver ses hébergements, a-t-il ajouté. En effet, « les acteurs du tourisme, de l’hôtellerie, se sont engagés à faire en sorte [que les voyageurs] soient intégralement remboursés dans l’hypothèse où l’évolution de l’épidémie ne rendrait pas possible le départ en vacances ».
Le Premier ministre n’a pas évoqué les séjours à l’étranger – pour l’instant interdits aux Français jusqu’au 15 juin. Sans doute parce qu’il s’agissait de présenter un plan de soutien au secteur du tourisme en France… mais aussi parce que la situation est encore floue sur les destinations qui rouvriront cet été.
Ce mercredi, la Commission européenne a présenté ses recommandations concernant la réouverture progressive des frontières intérieures de l’Union. Elle préconise ainsi la réouverture des frontières entre pays voisins présentant un même profil sanitaire (mesures mises en place pour prévenir l’épidémie, taux de contamination, etc.). C’est d’ailleurs ce qu’ont prévu les États baltes à partir du 15 mai : l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, où le virus ne circule plus, ont rouvert leurs frontières. L’Allemagne a décidé d’en faire de même avec le Luxembourg le 16 mai et prévoit une réouverture de ses frontières avec la France le 15 juin. Si cette réouverture se fait en ordre dispersé, c’est parce qu’il revient aux États d’ouvrir ou non leurs frontières : les recommandations de la Commission européenne ne sont que des suggestions.
Des décisions en juin
Il est donc encore impossible de connaître les destinations qui seront ouvertes aux touristes français cet été, ou à quelles conditions (dont la possibilité d’une quatorzaine obligatoire dans certains pays, ou d’un test à l’arrivée). « On saura début juin » s’il est possible de voyager en Europe, a prédit, lors d’une interview le 12 mai, Emmanuel Macron. « On va limiter les grands déplacements internationaux, même pendant les vacances d’été. On restera au moins entre Européens, peut-être en fonction de l’évolution de l’épidémie faudra-t-il réduire un peu plus », a expliqué le chef de l’État. Le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a précisé le même jour que « les ministres du Tourisme européens ont convenu de travailler ensemble à la réouverture des frontières intérieures », afin de mettre en place « une restauration phasée et coordonnée des frontières ». « À mesure que les uns et les autres nous maîtrisons la circulation du virus, nous pourrons aller vers des restrictions davantage ciblées », a-t-il complété.
Concernant les voyages hors de l’Europe, là aussi, la situation dépendra de l’ouverture des frontières, qui se fera selon le bon vouloir des États. Les consommateurs devront aussi faire avec la baisse du nombre de vols et de destinations desservies : le trafic aérien mettra en effet de long mois avant de retrouver son niveau d’avant-crise.
Morgan Bourven