Une association sans conseil d’administration, ni AG, ni publication des comptes : c’est le point commun entre les nombreuses officines qui se sont créées dans la seconde partie des années 2010. Ces dernières entendaient profiter d’un marché qui semblait juteux : le conseil en annulation de prêt devant les tribunaux. Car de véritables experts ont pu démontrer l’existence d’erreurs de forme et, surtout, de taux d’intérêt dans de nombreux prêts bancaires. Et obtenir des décisions favorables aux consommateurs. Mais ces financiers sérieux ont vite été rejoints par une ribambelle d’acteurs beaucoup moins compétents… et honnêtes, comme par exemple SOS Aide ou Humania. Conséquence : submergés par l’avalanche de dossiers de contestation des prêts (notamment du taux d’intérêt), les juges ont fini par rejeter la plupart des demandes, les plus sérieuses, comme les plus farfelues… Asséchant très largement ce contentieux !
3 000 à 4 000 € de frais
Or bien qu’il existe désormais très peu de chances d’obtenir satisfaction sur ce plan, l’association Egos démarche actuellement les emprunteurs en leur faisant miroiter d’importants gains via l’annulation de leur crédit. Les commerciaux réclament entre 3 000 et 4 000 € pour accompagner les clients dans leur procédure de contestation. De très nombreux éléments nous laissent penser qu’il s’agit ni plus ni moins que de l’un de ces pseudo-experts en contestation du taux effectif global (TEG) que nous avions dénoncé en 2017, réapparu une énième fois sous une nouvelle identité.
Pour commencer, on remarque le même manque de transparence chez Egos : hormis le président et le secrétaire (Laurent Lelouche et Jordan Lelouche), et le trésorier (Alain Fournier), on ne trouve pas trace d’autres membres actifs, pas plus que d’un conseil d’administration. Aucune trace non plus de publication de comptes, de convocation d’assemblée générale ou de compte-rendu d’AG… Quant au site d’Egos, il ne délivre aucune indication sur les responsables de l’association.
En revanche, si l’on creuse un peu on retrouve un certain Alain Fournier, le trésorier d’Egos, à la tête de deux autres associations : Solidarité ENR TEG et SOS Entre Aide, qui toutes les deux ont pour objet la contestation de prêt. La seconde association a fait l’objet d’une mise en garde par l’association locale de l’UFC-Que Choisir de Nancy en 2018 ! Elle a été, depuis, dissoute. Laurent Lelouche, lui, est pour sa part cogérant de Match Drink… une société de vente en gros de boissons ! Et ancien responsable d’Essor Capital, spécialisée dans les « services administratifs combinés de bureau ». Pas grand-chose en commun avec l’expertise financière.
Ajoutons que l’association a été immatriculée en 2017, c’est-à-dire à une période où le contentieux des prêts était déjà en train d’évoluer de façon très peu favorable aux clients.
Dernier élément peu rassurant : un professionnel de l’expertise financière, ancien responsable dans une banque du nord de la France, a été démarché par un commercial d’Egos. Il nous a relaté son expérience. Le commercial lui a affirmé que son prêt immobilier de 400 000 € souscrit en 2007, au taux de 3,2 % (des caractéristiques choisies volontairement par l’expert pour tester son interlocuteur) contenait une erreur. Et qu’il pourrait obtenir une somme importante du juge. « Au vu de l’erreur, ce dernier remplacerait le taux d’intérêt par le taux légal », a en effet assuré le démarcheur. Problème : cet employé d’Egos ignorait apparemment totalement qu’en 2007, le taux légal était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui (il se situait autour de 3,5 %) et surtout supérieur au taux du crédit présenté par notre expert !