Les chiffres sont souvent révélateurs. En janvier 2018, 52 % des smartphones testés par Que Choisir intégraient un capteur unique à l’arrière et 48 % en comptaient deux. Deux ans plus tard, 100 % intégraient 2 capteurs… au moins ! Les smartphones à 2 capteurs (22 %), 3 capteurs (35 %), 4 capteurs (32 %) et même 5 capteurs (11 %) sont désormais courants, et pas uniquement sur les smartphones haut de gamme.
Des évolutions dans la conception des smartphones, il y en a eu d’autres avant, et elles n’ont pas toujours tourné à l’avantage du consommateur. La disparition totale de la batterie amovible, donc facile à remplacer, reste la plus éloquente. Les conclusions des experts de notre laboratoire en ce qui concerne la photo sont heureusement plus optimistes : oui, la présence de plusieurs capteurs présente un intérêt réel pour la qualité des photos, même si tous les smartphones ne sont pas logés à la même enseigne.
Il faut dire que cette astuce technique a permis de contourner le principal obstacle qui séparait les deux mondes : l’espace. À la finesse des smartphones s’opposait en effet la place exigée par les composants d’un bon appareil photo. Intégrer plusieurs capteurs revient en quelque sorte à trancher en rondelles un très bon capteur puis à le répartir sur la surface arrière du smartphone. À chacun, alors, sa fonction propre. Au capteur principal la focale ‒ et donc l’angle de vue ‒ fixe ; charge aux autres de tantôt l’élargir (caméra grand angle), tantôt le rétrécir (téléobjectif). La magie logicielle, scintillante d’algorithmes, fait le reste. Avec les années, les fabricants ont amélioré le concept avec des modules plus spécifiques comme des capteurs monochromatiques, des caméras infrarouges ou des capteurs « à temps de vol » (souvent appelés capteurs ToF, pour Time of Flight).
Capteur principal : oubliez la course aux mégapixels
La photo est l’une des fonctions les plus utilisées sur un smartphone. Les fabricants la placent donc au centre de leurs publicités, en basant leur discours sur le nombre de mégapixels du capteur principal. Arrêtez tout ! Nos tests prouvent qu’au-delà de 12 Mpx, le gain de qualité plafonne. Et les performances ne suivent pas linéairement la montée en mégapixels. Dans le smartphone, le traitement logiciel de l’image contribue beaucoup au résultat final, et sur ce terrain, tous les fabricants ne se valent pas. Un smartphone avec capteur principal de 12 Mpx fait souvent mieux qu’un autre avec capteur de 30 ou 50 Mpx.
Nos tests montrent par ailleurs que les appareils stabilisés offrent de meilleurs résultats que les autres. La stabilisation (sous-entendu de la lentille) consiste à neutraliser les tremblements de la main afin d’écarter les photos floues et les vidéos saccadées, un peu comme les suspensions d’un vélo limitent les secousses du cycliste. Le stabilisateur est soit optique (OIS), soit électronique (EIS) ‒ autrement dit soit mécanique, soit logiciel. En 2020, Apple a inauguré avec l’iPhone 12 Max Pro la stabilisation du capteur au lieu de la lentille. Ce smartphone est aussi le meilleur de tous les modèles testés en photo et en vidéo. Un lien de cause à effet ? Il est trop tôt pour le dire.
Téléobjectif : en avant le zoom !
Alors que la plupart des appareils photo de smartphone permettent de zoomer dans l’image en la recadrant (zoom numérique), les smartphones munis d’un téléobjectif propre capturent directement une zone minuscule (zoom optique). Les Samsung Galaxy S20 Ultra et Note 20 Ultra, Xiaomi Mi 10 Pro et Huawei P40 Pro offrent les taux de zoom les plus élevés. Attention, les fabricants nous embrouillent parfois dans des annonces confuses. Le « zoom optique hybride x3 » vanté par Samsung pour ses Galaxy S20 et S20 + n’est par exemple pas un vrai zoom optique. Le téléobjectif n’offre qu’un zoom optique x1,1, et c’est bien un zoom numérique qui tire l’image jusqu’à x3. Si vous aimez pratiquer la macrophotographie, veillez à ce que le facteur de (vrai) zoom optique soit élevé.
Grand angle, ultra-grand angle, maxi-giga grand angle
La surenchère n’est jamais loin dans l’esprit des fabricants. Des « maxi » et des « ultra » fleurissent à mesure que la focale de l’appareil raccourcit. Un grand angle en plus du capteur principal élargira l’angle de vue pour capturer des scènes larges, voire très larges, voire « maxi-giga » larges. Les smartphones s’illustrant sur ce point dans notre test sont incontestablement les Samsung Galaxy S20, S20+ et S20 Ultra.
Capteur monochrome : de plus en plus rare
Pour accompagner le capteur principal, certains fabricants se contentent d’un capteur monochrome. Il vise à enrichir la quantité de détails capturés, que les algorithmes intègrent à la photo finale. Les quelques smartphones intégrant ce type de capteurs (les Find X2 Lite, A91, Reno4 Z 5G et Reno4 chez Oppo, et les OnePlus 8T, Realme X50 Pro et 7 Pro) n’ont pas donné de résultats probants sur son efficacité.
Caméra infrarouge pour les pros
Fidèle à son positionnement de fabricant de smartphones de travail de chantier, Cat se distingue avec un second capteur infrarouge thermique qui permet de visualiser les points chauds et froids. C’est le cas sur les Cat S60 et S62 Pro. Apple utilise ce genre de capteur pour un tout autre usage, à savoir le déverrouillage par reconnaissance faciale avec Face ID (le seul système réellement fiable).
Une caméra ToF convaincante
Ces caméras « temps de vol » font partie des dernières innovations en matière de photo sur smartphone. Grâce à un signal infrarouge, elles déterminent la forme et la distance des objets et cartographient le sujet en 3D. Ceci aide à créer un effet bokeh, c’est-à-dire un flou d’arrière-plan. Le Honor View 20 et le Samsung Galaxy S10 5G s’avèrent convaincants. L’iPhone 12 Pro Max dispose d’un type spécial de module ToF, un LiDaR (Light Detection and Ranging). Schématiquement, il crée des cartes de profondeur grâce à de petits lasers. En l’occurrence, ce smartphone est le plus performant en mode portrait, dans lequel l’effet bokeh a toute son importance.
Les meilleurs smartphones en photo
Ces éléments en tête, comment choisir le meilleur smartphone en photo ? Nos tests en laboratoire affichent une note la plus objective possible, résultat de multiples mesures : résolution, reproduction des couleurs, distorsion, bruit de fond avec une mire, délai de déclenchement, prises de vue dans différentes conditions de luminosité, qualité des vidéos… Nos experts procèdent avec la même rigueur que pour les appareils photo classiques, compacts et bridges comme hybrides et réflex.
Un appareil photo doit néanmoins répondre aux besoins propres des utilisateurs : plutôt amateur de paysages ? Les performances dans des conditions de forte luminosité sont essentielles. De soirées ? Attention alors aux capacités en faible luminosité. De selfies entre amis ? Vérifiez les atouts de la (ou des) caméra(s) frontale(s). De vidéos ? Vérifiez que le smartphone peut capturer à 60 images par seconde, nos test prouvent que leurs résultats sont meilleurs. Nos tests permettent aussi de tirer deux autres enseignements : globalement, la qualité photo et vidéo augmente avec le prix du smartphone ; et l’appareil parfait, performant en toute situation, n’existe pas. Voici néanmoins quelques pistes pour choisir.
Les meilleurs smartphones pour les photos en extérieur (forte luminosité)
Les meilleurs smartphones pour les photos en faible luminosité
- Google Pixel 4 et Pixel 4 XL
- Huawei P40 Pro
- Oppo Find X2 Pro
- Xiaomi Mi 10 et Mi 10 Pro
- LG V60 ThinQ
- Samsung Galaxy Note 20 Ultra et Galaxy Fold
Les meilleurs smartphones pour les vidéos
La distance focale et l’ouverture
Distance focale
Elle reflète la largeur du cadre depuis un point fixe. Un grand angle permet de prendre un paysage et à l’inverse, un téléobjectif permet de prendre des photos de très près (de la rosée sur une fleur par exemple). Dans notre test, le P40 Pro Plus 5G de Huawei décroche la palme du téléobjectif le plus long avec un angle de vue de 7°, le Sony Xperia 5 celle de l’objectif le plus large avec un angle de vue de 107°.
Ouverture
Elle détermine la quantité de lumière qui entre dans l’appareil et s’exprime par un rapport noté f/x (f/1.8, par exemple) ou 1:x (par exemple 1:2.2). Plus le nombre est petit, plus l’ouverture est grande. Les smartphones d’entrée de gamme, comme l’Alcatel U3 ou le ZTE Blade L7, se contentent de petites ouvertures (f/2.8).
Certains smartphones, comme l’Oppo RX17 Pro, les Samsung Galaxy S9, Note 9 et S10, intègrent des capteurs à ouverture variable qui n’ont, selon nos tests, pas fait leurs preuves (Samsung a d’ailleurs abandonné le système depuis le Galaxy S20).