Depuis le début de l’année, les sites frauduleux d’investissement locatif s’accumulent. La promesse : devenir propriétaire d’une place de parking dans un aéroport et gagner rapidement des rendements très élevés. Tout est faux, votre argent sera dérobé.
Portée par la crise sanitaire, une arnaque est en forte augmentation depuis le début de l’année 2020. Dans cette période anxiogène, les escrocs misent en effet sur des valeurs refuges, telles que le whisky, l’or ou encore… des places de parking dans les aéroports européens. Voilà l’un des constats de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), les deux organismes qui surveillent et contrôlent les établissements bancaires et assurantiels. Ils ont présenté vendredi 12 juin leur rapport d’activité 2019 et les tendances de 2020 (voir encadré). Depuis le début de l’année, les victimes de cette escroquerie à la place de parking ayant contacté l’autorité financière ont perdu en moyenne 58 000 €, pour un total de pertes enregistrées par l’organisme de 2,3 millions d’euros. Ces chiffres ne correspondent qu’à une partie des pertes totales des victimes, car toutes n’appellent pas l’AMF.
De faux sites usurpent l’identité de conseillers financiers
Un site usurpe l’identité d’un conseiller en investissements financiers (CIF) afin de promouvoir une offre d’achat locatif via une place de parking dans un aéroport européen. L’achat d’un tel espace permettrait de « rapporter jusqu’à 14 % par an ». Il est demandé aux personnes intéressées d’entrer leurs coordonnées afin d’être rappelées. Un faux CIF contacte l’épargnant et l’incite via un beau discours à acquérir une ou plusieurs places de parking, valant chacune 10 000, 15 000 €… pour les louer ensuite et obtenir une plus-value importante. Une fois que vous aurez « investi » en versant de l’argent, il sera trop tard. Vous n’aurez fait aucun placement et vous ferez voler votre argent, sans moyen de retrouver une trace de l’escroc qui se sera volatilisé.
Si vous êtes victime d’une telle arnaque, portez plainte et alertez immédiatement votre banquier. Il sera malheureusement difficile de vous faire rembourser, les banquiers considérant que vous êtes bel et bien à l’origine du virement bancaire, réalisé de façon volontaire. Prévenez également les organismes censément partenaires du faux conseiller (banques, gestionnaires de parking, agents immobiliers…), qui pourront prévenir les autres consommateurs. Notamment, la société Vinci Concessions a publié un message sur son site Internet pour prévenir de tels agissements frauduleux. Elle indique avoir porté plainte contre X.
Comment éviter de se faire piéger
Les offres trop belles pour être vraies n’existent pas. Ici, le piège est multiple. D’une part, les pages Internet sont de bonne facture, sans faute d’orthographe et suffisamment alimentées en contenus pour devenir crédibles. D’autre part, l’usurpation d’identité d’un CIF existant peut vous induire en erreur. Multipliez les recherches et contactez la structure officielle. Surtout, rappelez-vous qu’un rendement très élevé obtenu aussi facilement n’est pas possible. Si le doute subsiste, appelez l’AMF. Enfin, ne donnez jamais de coordonnées personnelles (données bancaires, identité…) à un tiers que vous ne connaissez pas, que ce soit sur Internet ou par téléphone.
Arnaques financières, quelles tendances ?
Lors de la présentation du rapport d’activité 2019 du pôle commun assurance, banque et épargne de l’AMF et de l’ACPR, le bilan des arnaques financières à l’œuvre depuis l’année 2019 a été dressé. Le coronavirus a exacerbé les phénomènes déjà existants, particulièrement les offres de crédits frauduleuses. De nombreux faux sites, dupliqués avec quelques changements mineurs (adresse URL, couleurs, etc.) proposent des prêts très avantageux et réclament rapidement de l’argent.
Outre les faux appels aux dons qui pullulent depuis le début de la crise sanitaire, l’AMF constate que la période de confinement a été propice à la hausse des fausses offres de trading. Notamment, une « forte évolution des ventes pyramidales » pour des packs de trading est notable. Ce type d’escroquerie repose sur le recrutement d’investisseurs qui, une fois amadoués (mais en réalité abusés), deviennent à leur tour commerciaux. Ces offres mensongères circulent massivement sur les réseaux sociaux. Méfiance. L’activité de trading est en effet réservée à des experts.
Enfin, « ce qui est très frappant, c’est l’utilisation des usurpations », alerte Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l’AMF. Ce phénomène, à l’œuvre dans l’arnaque aux places de parking par exemple, augmente rapidement et rend l’arnaque d’autant moins détectable.
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Marie Bourdellès