Fin de saison pour la Ligue 1, interruption des championnats de foot espagnol, italien, anglais, de la Ligue des champions et de la Ligue Europa… Le coronavirus a privé les amateurs de foot de nombreux matchs, mais aussi de leur retransmission à la télévision. Les abonnés à Canal+, BeIN Sports et RMC Sport continuent pourtant à payer leur abonnement, et aucune des chaînes n’a l’intention de les dédommager. À moins, peut-être… de le réclamer.
Les centaines de millions d’euros dépensés par les diffuseurs pour acquérir les droits de retransmission en France des championnats témoignent de l’enjeu que représente le foot à la télé. Pour la seule Ligue des champions, l’addition s’est élevée à 1,125 milliard d’euros pour la période 2021-2024 ! De l’autre côté de l’écran, les amateurs de foot s’abonnent aux chaînes payantes pour profiter de ces retransmissions. Plusieurs abonnements sont même nécessaires pour couvrir les principaux championnats et compétitions, et il faut changer si les droits changent de main d’une période à l’autre. Ainsi, RMC Sport diffuse aujourd’hui en exclusivité les matchs de la Ligue des champions, mais à partir de 2021 il faudra zapper sur Canal+ et BeIN Sports. Quant aux autres championnats d’Europe, comme la Liga (Espagne), la Serie A (Italie) ou la Bundesliga (Allemagne), c’est aujourd’hui à BeIN Sports qu’il faut être abonné. Nouveau dans le jeu, l’espagnol Mediapro a aussi fait une entrée fracassante en décrochant en France plusieurs matchs prestigieux des Ligue 1, Ligue 2 et Ligue Europa pour la période 2021-2024.
Des dizaines de matchs non retransmis…
Pendant ce temps, alors que le coronavirus a interrompu toutes les compétitions, les abonnés continuent à payer leur abonnement. L’arrêt définitif de la Ligue 1 et de la Ligue 2, fin avril, les prive de dizaines de matchs. Quant aux autres championnats, reportés, le flou sur la reprise règne et durera probablement plusieurs mois encore (une lueur toutefois en ce qui concerne la Bundesliga, qui doit reprendre ce jour). En fonction des cas (offre avec ou sans engagement, au mois ou à l’année, par l’intermédiaire d’un package entre chaînes, etc.), les sommes sont loin d’être négligeables. Comptez par exemple 25 €/mois pour RMC Sport sans engagement (une option à 9 €/mois réservée aux clients de SFR, sa maison mère), 15 €/mois pour BeIN Sports ou encore 40 €/mois pour Canal+ et son pack Sports.
… mais pas de dédommagement global au programme
Pourtant, les diffuseurs n’ont manifestement pas l’intention de dédommager leurs abonnés. Et ce alors même que de l’autre côté, ils ne perdent pas le nord : Canal+ a économisé des dizaines de millions d’euros en rompant son contrat avec la LFP (Ligue de football professionnel), à qui le groupe verse les droits, suite à l’arrêt des Ligues 1 et 2 ! La chaîne nous a indiqué traiter les demandes des abonnés au cas par cas.
Basile témoigne ainsi sur Twitter de la ristourne de 25 % obtenue pendant 3 mois sur son abonnement à BeIN Sports. « J’ai envoyé un message argumenté, ils ont été très pros », souligne-t-il. Mais la chaîne, principalement accessible depuis les box des FAI ou via Canal+, est proposée sans engagement. « Les clients peuvent résilier si l’offre éditoriale temporaire que nous proposons – rediffusion des plus beaux championnats, création d’une chaîne 100 % NBA, émissions avec des sportifs en confinement – ne les satisfont pas totalement », précise Caroline Fournajoux, du service communication. Et pour les quelques clients de son offre avec engagement de 12 mois à 14 €/mois, BeIN Sports Connect, la chaîne nous affirme qu’elle peut suspendre le paiement, avec report équivalent de la période d’engagement. Mais là aussi, il faudra le réclamer.
Chez RMC Sport, « la grille des programmes est adaptée et la chaîne proposera des rediffusions des plus grands matchs », nous a-t-on simplement répondu. Bref, aucun des principaux diffuseurs ne prévoit de dédommagement global qui semble pourtant légitime. N’hésitez pas à contacter le service client de la chaîne, ou de votre FAI si vous êtes abonné par son intermédiaire : le coup de fil pourrait s’avérer rentable.
Camille Gruhier