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Commerce équitable – Max Havelaar ouvre son label aux agriculteurs français

À l’instar des paysans d’Afrique ou d’Amérique latine, l’ONG Max Havelaar va labelliser des céréaliers et des producteurs de lait dans l’Hexagone. Yaourts, crèmes glacées, biscuits ou viennoiseries devraient donc arborer prochainement le petit label bleu et vert.

Cela sonne comme une petite révolution pour le mouvement Fairtrade-Max Havelaar. Quelques jours avant l’ouverture de la quinzaine du commerce équitable, l’ONG a annoncé qu’elle allait ouvrir son label aux agriculteurs de l’Hexagone. L’objectif ? « Leur garantir un prix juste, transparent et supérieur aux coûts de production », explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.

L’ONG réservait jusqu’ici sa certification « équitable » aux petits producteurs de chocolat, café, thé, ou bananes des pays du sud, victimes d’un commerce mondialisé. Pour justifier sa nouvelle démarche, l’association part du constat que la détresse des paysans n’est plus seulement l’apanage des pays en voie de développement. « Dans un pays comme la France, malgré la modernité et la sophistication de notre agriculture, un tiers de nos agriculteurs perçoit moins de 350 € de revenu d’exploitation, s’indigne Blaise Desbordes. Les principales causes de cette situation inquiétante sont proches de celles qui ont motivé la création des premières filières équitables nord-sud, il y a 3 décennies : déséquilibre du rapport de force entre producteurs et acteurs en aval de la chaîne de production, fixation des prix par des marchés internationaux, volatilité des cours génératrice d’incertitudes, pression constante sur les prix sans considération pour les coûts de production réels. »

Lait et blé de produits transformés

Dans un premier temps, Max Havelaar a fait le choix de soutenir les filières lait du Poitou-Charentes et le blé du Gers, qui sont économiquement les plus fragiles. Le cahier des charges a été adapté à la France « grâce à une méthode inédite de fixation du prix garantie en fonction du territoire et d’un objectif chiffré de revenu ». Le premier test sera lancé à l’automne avec une tonne de lait ingrédient certifié Max Havelaar à 415 € les 1 000 litres. Et une tonne de blé à 254 €. Soit une augmentation de 35 % par rapport aux prix moyens des cinq dernières années. L’ONG s’engage à ne labelliser les produits agricoles français qu’en tant qu’ingrédients dans les produits transformés, où ils compléteront les ingrédients équitables produits hors de France (cacao, vanille, fruits exotiques, sucre de canne…). « Cela favorisera une solidarité de fait entre paysans du nord et paysans du sud », précise Blaise Desbordes.

Répercussion sur le prix de vente

Mais, déjà confrontées à une flambée des prix de certaines matières premières agricoles, les marques seront-elles prêtes à faire cet effort financier pour bénéficier du logo Max Havelaar ? Et surtout, vont-elles répercuter ce surcoût sur le prix de vente au consommateur ? Des points sensibles que Blaise Desbordes s’efforce de minimiser, en mettant en avant le civisme de ces derniers. Selon la première édition du baromètre de la transition alimentaire, réalisée par Opinion Way pour Max Havelaar et publiée le 4 mai, permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail représente la première motivation des consommateurs (59 %) pour modifier leurs comportements d’achat. Il relativise également la part des matières premières dans la formation du prix de vente : « Le coût des ingrédients certifiés dans un produit transformé pèse assez peu. Dans un cookie ou une crème au chocolat à 2 €, c’est 10 centimes. Si on le porte à 12 ou 15 centimes, cela ne va pas influer sur le prix. Quoi qu’il en soit, il va falloir que les acteurs de la chaîne aménagent leur marge et cessent d’imposer des prix qui écrasent les producteurs. »

Bataille des labels

Ce nouveau signe de qualité arrivera-t-il à trouver sa place dans un environnement commercial où la bataille entre labels fait rage ? Depuis que la loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014 a ouvert le commerce équitable aux pays développés, et non plus aux seuls pays en voie de développement, de nombreuses productions françaises sont déjà certifiées par un label équitable. Et certains d’entre eux, comme le nouveau « Bio – Français – Équitable » élaboré conjointement par Biocoop et Éthiquable, mettent la barre très haut sur le plan des exigences sociales et environnementales. Un challenge pour lequel, outre sa notoriété, Max Havelaar bénéficie cependant d’un avantage considérable sur ses concurrents, grâce à son poids écrasant dans la labellisation des échanges équitables sud-nord.

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