Le budésonide est un traitement de l’asthme qui, donné aux malades du Covid, semble accélérer sa guérison et, plus important encore, prévenir la survenue de formes sévères.
Si, depuis le début de la pandémie, la prise en charge du Covid-19 a fait de grands progrès à l’hôpital, ce n’est pas autant le cas à domicile. Les traitements proposés à la maison, en particulier pour prévenir les aggravations, restent rares. Un pas a été franchi avec la publication de deux études britanniques montrant l’intérêt de prendre du budésonide (Pulmicort et génériques) au début de la maladie. Le budésonide est un corticoïde à inhaler, prescrit aux asthmatiques notamment. Un premier essai (1) a été mené sur des volontaires, dont la moitié a pris du budésonide, deux fois par jour, en commençant au cours de la première semaine de la maladie et jusqu’à résolution des symptômes. Au final, seulement 1 % des patients de ce groupe traité par budésonide a dû se rendre à l’hôpital (pour une consultation en urgence ou une hospitalisation) contre 14 % dans le groupe qui n’avait pas été traité. Soit une réduction du risque de 91 % ! Mais avec seulement 146 participants, l’échantillon était trop petit pour tirer des conclusions fermes.
Une seconde étude menée cette fois sur plus de 4 500 participants, âgés de plus 65 ans ou plus de 50 ans avec des facteurs de risque, a permis de conforter en partie ces résultats. La réduction du risque d’aggravation observée était moindre (8,5 % des participants traités ont dû se rendre à l’hôpital contre 10,3 % des non-traités). Mais cette étude montrait un autre avantage de la prise de budésonide : une guérison accélérée, de 3 jours en moyenne.
Les asthmatiques épargnés par les formes graves du Covid
Ces données encourageantes sont encore préliminaires mais soutenues par d’autres connaissances à propos du Covid. Par exemple, depuis le début de la pandémie, on constate une bizarrerie : les personnes souffrant de problèmes respiratoires, comme l’asthme ou la BPCO, ne font pas partie des catégories à risque de Covid grave… alors que les médecins s’attendaient à ce que ces patients fragiles et prédisposés soient plus gravement touchés. Comme ils sont souvent traités par des corticoïdes inhalés, ils ont peut-être ainsi été protégés. On sait également que les formes sévères de Covid sont liées à un emballement du système immunitaire. Les corticoïdes inhalés qui diminuent les réponses inflammatoires et immunitaires préviendraient par ce biais la survenue d’aggravations.
En cette fin mai, la prise de ces corticoïdes inhalés ne fait pas partie des recommandations officielles françaises. Les autorités sanitaires britanniques avertissent qu’il ne s’agit pas d’un usage réglementairement autorisé mais ils reconnaissent que certains patients à risque, les plus de 65 ans notamment, peuvent être ainsi traités, au cas par cas. Il leur est alors recommandé de lire attentivement la notice. Ceux qui sont déjà traités, pour asthme ou BPCO, avec des corticoïdes inhalés ne doivent pas modifier leurs habitudes sans avis médical.
(1) The Lancet Resp. Med., 09/04/21.