Dans son combat pour une consommation responsable et contre le « fairwashing »(1), l’UFC-Que Choisir, dépose plainte aujourd’hui contre Samsung Electronics France et sa société-mère Samsung Electronics Co., Ltd devant le Tribunal judiciaire de Paris pour pratiques commerciales trompeuses. En effet, la politique de responsabilité sociale affichée par la marque sur son site internet s’avère être un miroir aux alouettes.
Un cache-misère en trompe-l’œil inacceptable
Travail d’enfants dans des mines de cobalt en République démocratique du Congo, cadences de travail infernales en Chine et soupçons de travaux forcés d’une minorité ethnique, exposition de salariés à des produits chimiques toxiques en Corée du Sud… Voilà les constats accablants d’ONG(2) et de journalistes qui épinglent fréquemment les fournisseurs de Samsung sur les conditions de travail inhumaines de leurs ouvriers. Cette réalité est aux antipodes de la « vision » de la société et des valeurs que Samsung affiche sur son site internet à destination des consommateurs français et dans lequel le géant de l’électronique affirme défendre un « management responsable »(3) incluant l’ensemble de sa chaîne logistique.
Après une première plainte déposée à l’initiative de l’ONG SHERPA pour pratique commerciale trompeuse en raison de la contradiction entre les engagements éthiques affichés et leurs violations constatées(4), et face à la persistance des mauvaises pratiques de SAMSUNG, l’UFC-Que Choisir enfonce le clou avec une nouvelle plainte.
Avant de « réaliser l’impossible » ou de « changer la forme de l’avenir » comme y invitent ses slogans publicitaires, Samsung doit aligner la réalité sur les valeurs qu’elle affiche en vitrine et ne peut se retrancher derrière ses fournisseurs sauf à réduire ses engagements à un cache-misère et surtout à trahir la confiance des consommateurs.
L’éthique, le nouvel argument marketing
Produit et prix ne sont désormais plus les seuls critères d’arbitrage des consommateurs : 90 % des personnes interrogées déclarent que, d’une façon générale, elles apprécient davantage les groupes qui ont une bonne politique de responsabilité sociale (RSE) que ceux qui s’en désintéressent(5).
Conscients de cette évolution des mentalités, les professionnels n’hésitent pas à communiquer de plus en plus sur leur RSE, c’est-à-dire sur leurs valeurs et leurs démarches pour améliorer la Société, pour présenter à leurs clients potentiels une image avantageuse et influencer leurs achats.
Dans cette course au « fairwashing », Samsung Electronics, géant de la téléphonie, est régulièrement épinglé pour le décalage entre les valeurs affichées par ses filiales et les conditions de travail au sein de la chaîne logistique.
Au sein d’un monde aux chaînes logistiques mondialisées et à l’heure où l’Organisation Internationale du Travail et l’UNICEF alertent sur les conséquences probables de la pandémie sur le travail des enfants(6) en raison de la crise économique, il est grand temps que les grands groupes respectent leurs propres engagements.
C’est cette situation qui a amené l’UFC-Que Choisir à déposer plainte pour pratiques commerciales trompeuses contre Samsung. Son objectif est de faire cesser cette mascarade et que cette société, leader dans son domaine, mette effectivement en pratique les valeurs qu’elle affiche.