D’après de récents résultats de recherche, le pain et les pâtes fabriqués par des paysans seraient mieux digérés par les personnes déclarant mal supporter le gluten.
À côté des personnes intolérantes au gluten, ou malades cœliaques, qui ne peuvent pas en consommer sous peine de conséquences graves, de plus en plus de Français se disent hypersensibles à cette substance présente dans de nombreuses céréales. Dans le cadre de recherches sur le blé, des chercheuses de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) côtoyaient des paysans boulangers ou pastiers (fabricants de pâtes). Elles les entendaient souvent affirmer que leur clientèle se disant hypersensible au gluten digérait pourtant sans problème leurs produits. Pour en avoir le cœur net, elles ont lancé un projet de recherche consistant dans un premier temps à identifier tout ce qui différencie la fabrication traditionnelle adoptée par les paysans et les méthodes mises en œuvre par les industriels ou la plupart des artisans boulangers. Variétés de blés, procédé de mouture (meules de pierre ou cylindres), type de ferment (levain ou levure), durée des différentes étapes de préparation, conditions d’extrusion et de séchage des pâtes, tout a été passé en revue. Les produits ont ensuite été préparés selon toutes les configurations possibles et testés. L’analyse consistait à tenter d’extraire les protéines de chaque échantillon à l’aide de solvants. L’hypothèse est que plus l’extraction est aisée, plus la digestion le sera. Logique du point de vue chimique, elle est étayée par une bonne corrélation avec d’autres méthodes permettant de mesurer la digestibilité. Résultats des analyses : pour le pain, l’utilisation de levain plutôt que de levure induit la différence la plus importante dans le sens d’une meilleure digestibilité, mais une fermentation longue et une cuisson au four à bois comptent également. Les pâtes artisanales aussi se sont avérées plus digestes, la variété de blé, le type de moulin et la température de séchage comptant avant tout. Les paysans ont d’ailleurs tendance à utiliser une seule variété alors que les industriels mettent en œuvre des mélanges pour s’assurer une certaine stabilité dans leurs approvisionnements.