Depuis plus d’un an, les salles de réception sont vides. « Même après la fin du confinement, rien ne dit que les rassemblements importants seront de nouveau autorisés rapidement », écrivions-nous le 4 avril 2020, dans un article sur les annulations de fêtes de famille. « Premier réflexe : envisager un report », conseillions-nous, loin de nous douter qu’un an plus tard, la situation aurait peu évolué.
« 80 % des mariages prévus en 2020 n’ont pas pu se tenir », souligne Melissa Humbert-Ferrand, cofondatrice de l’Union des professionnels solidaires de l’événementiel (UPSE), lancée en mars 2020 pour aider les professionnels du secteur à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19 et qui compte déjà plus de 3 000 adhérents. « Beaucoup de ces événements ont été reportés à l’automne 2020 ou au printemps 2021, mais ne pourront pas se tenir en avril-mai : des mariés en sont donc à leur deuxième ou troisième report », déplore-t-elle. Dans ce contexte, « les préparatifs ne sont plus du tout une partie de plaisir et beaucoup, lassés, veulent annuler ».
Des acomptes dépensés depuis longtemps
Les couples qui abandonnent l’idée d’une réception doivent vérifier si leur contrat prévoit la possibilité d’annuler la prestation sans frais. Si ce n’est pas le cas, il convient d’échanger avec les prestataires pour trouver une solution à l’amiable : remboursement d’une partie seulement de l’acompte, remboursement différé dans le temps, etc. Mais après un an sans activité, nombreux sont les professionnels n’ayant plus les moyens de rembourser. « Les acomptes que l’on nous demande de rembourser ont, pour certains, été encaissés en 2019 », témoigne Melissa Humbert-Ferrand. Pour être clair : « C’est de l’argent qui nous a servi à survivre, nous n’avons plus la trésorerie pour rembourser. » Si les prêts garantis par l’État et le fonds de solidarité ont « permis de couvrir les charges », ils ne permettent pas de faire face à une vague d’annulations. « Concrètement, pour certains prestataires, rembourser signifierait mettre la clef sous la porte », confirme Virginie Mention, présidente de l’Assocem, qui représente les organisateurs de mariages et officiants de cérémonie. Au moment de négocier un remboursement, elle demande aux consommateurs de « ne pas oublier que certains professionnels ont engagé du temps, voire des frais : les organisateurs, les décorateurs qui ont parfois déjà acheté des éléments, les officiants qui ont commencé l’écriture… ».
Pour éviter ces difficiles négociations, les professionnels incitent les futurs (ou déjà) mariés à maintenir autant que possible les festivités en 2021, en tablant sur l’éventuel allégement des restrictions prévu à partir du 15 mai. Un moyen pour les mariés de faire la fête cette année, pour les professionnels d’avoir de l’activité, et pour tous d’éviter un embouteillage en 2022. « Déjà 20 % des mariages prévus l’an dernier ont été reportés à l’année prochaine », observe Virginie Mention. Or, l’année n’est pas extensible et caler en 2022 les réceptions des mariages de 2020, 2021 et 2022 sera impossible. Et même si c’était faisable, « cela voudrait dire que nous aurions mis trois années à faire un an de chiffre d’affaires », soupire Melissa Humbert-Ferrand.
Un protocole étudié
Pour permettre aux festivités de se tenir dès cet été, quatre associations – l’UPSE, l’Assocem, La Demeure historique (association représentant les châteaux et monuments historiques) et le Sydhev (Syndicat professionnel des hébergeurs d’événements) – ont élaboré un protocole sanitaire en cours d’étude par le gouvernement. Il implique, outre le respect des gestes barrières et l’adaptation des pratiques (assiettes individuelles au lieu de buffets, par exemple), l’obligation pour les invités de fournir un test négatif avant la réception et un traçage des cas contacts éventuels après la cérémonie. Les lieux de réception, prestataires et organisateurs se disent également prêts à se porter « référent risque sanitaire ». Le but est double : sauver la filière et éviter l’explosion des rassemblements sauvages. « Nous voyons en effet de plus en plus de couples choisir des résidences de famille pour leurs festivités, mais aussi certains lieux qui se disent privés proposer la location de leurs propriétés pour permettre l’organisation de rassemblements illicites », ont écrit les quatre associations au gouvernement. Un argument qui pourrait faire mouche.