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Nutri-Score – Les labels agitent le chiffon rouge

Plusieurs filières sous signes de qualité ou d’origine sont récemment montées au créneau contre le Nutri-Score. Certaines spécialités, comme les fromages et les charcuteries, écopent de notes défavorables du fait de leur teneur élevée en gras et en sel.

Des attaques contre le logo multicolore qu’il porte depuis 2016, Serge Hercberg, l’ancien président du Haut Conseil de la santé publique et chef de l’équipe de chercheurs à l’origine du Nutri-Score, en avait déjà subi d’innombrables venant des puissantes fédérations représentant l’industrie agroalimentaire en France et en Europe. Cette fronde avait dernièrement faibli en France, avec les conversions au Nutri-Score de quelques géants de l’agroalimentaire, à l’instar de Kellogg’s, Pepsico et Nestlé. Néanmoins, « la majorité des grands groupes agroalimentaires internationaux (Coca-Cola, Mars, Ferrero, Mondelez, Lactalis, Unilever, Kraft…) et de nombreuses marques nationales continuent encore à s’y opposer », ont rappelé Serge Hercberg et des membres de son équipe dans un article paru le 10 juin dans la revue universitaire The Conversation.

Les filières font campagne

À la faveur de la campagne électorale pour les élections régionales et départementales, de nouveaux opposants au logo se manifestent depuis plusieurs semaines : plusieurs appellations sous signe de qualité ou d’origine (Siqo) ‒ Label rouge, appellation d’origine protégée (AOP), IGP, STG – sont montées au créneau dans la presse et sur les réseaux sociaux, relayées par des politiques brandissant la défense du terroir et du local. L’AOP fromagère Roquefort, l’IGP viticole Pays d’Oc, ou encore le porc noir de Bigorre, sont invoqués pour soutenir cette nouvelle croisade.

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Exemple d’un message sur Twitter dénonçant le Nutri-Score et mettant en avant les bienfaits nutritionnels du fromage.

Il est vrai que de nombreuses spécialités, en particulier les fromages et les charcuteries, écopent souvent des notes D ou E, les moins bonnes de l’étiquetage nutritionnel, du fait de leur teneur élevée en sel et en matières grasses saturées. L’Institut régional de la qualité agroalimentaire d’Occitanie (Irqualim, une structure de promotion des Siqo) « exhorte » donc la Commission européenne de dispenser les signes de qualité et d’origine d’un affichage obligatoire du Nutri-Score, car l’imposer « serait contraire aux objectifs de santé publique et mettrait en danger l’équilibre économique des territoires ».

La qualité nutritionnelle des produits labellisés n’est pas garantie

Les filières de produits sous signe de qualité peuvent légitimement s’inquiéter d’un recul de la consommation pour leur santé économique. Mais l’argument selon lequel le logo serait contraire aux objectifs de santé publique est difficile à défendre. « Les lobbys cherchent à entretenir une confusion dans l’esprit du public […] en laissant entendre que le Nutri-Score pénaliserait, d’une façon générale, les aliments dits traditionnels » de la gastronomie hexagonale, décryptent les chercheurs. Mais ces aliments sous signe de qualité, s’ils garantissent une origine géographique ou une recette spécifique, « n’intègrent pas la notion de qualité nutritionnelle » dans leurs cahiers des charges – et ce n’est pas l’objectif, soulignent-ils. Mais « un produit gras, sucré ou salé, même traditionnel avec un signe de qualité ou d’origine, reste un produit gras, sucré ou salé, tweete Serge Hercberg. Nutri-Score n’invente rien, il ne fait que traduire les informations nutritionnelles qui sont sur l’étiquette… »

S’il n’est pas question de se priver de ces produits souvent savoureux, il convient en revanche de les consommer en quantité limitée, à l’instar d’autres produits peu équilibrés. Rappelons qu’en France, la moitié des adultes sont en surpoids ou souffrent d’obésité.​​​

En Italie et en Espagne aussi

Les filières agroalimentaires italiennes et espagnoles sont elles aussi vent debout contre le Nutri-Score. Mais si l’État espagnol l’a validé comme étiquetage nutritionnel officiel (bien que facultatif), les gouvernements italiens successifs participent à plein au lobbying anti-Nutri-Score, quitte à asséner quelques contre-vérités. Eux aussi utilisent l’argument de la défense des produits traditionnels.

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