Faut-il y voir les effets secondaires de la série télé En thérapie ? Ou, plus sérieusement, un geste de bonne volonté des assureurs santé dans le viseur des pouvoirs publics et de l’UFC-Que Choisir pour avoir augmenté leurs tarifs 2021 alors que la crise sanitaire leur a permis, au contraire, de réaliser de sérieuses économies ? Quoi qu’il en soit, le résultat est là : les personnes couvertes par une complémentaire santé individuelle ou collective (dans le cadre de leur entreprise), vont pouvoir bénéficier dès à présent d’une prise en charge de leurs séances de psychothérapie effectuées avec un professionnel libéral. Cette prise en charge ira jusqu’à 60 € par séance, dans la limite de 4 séances d’ici à la fin de l’année. Elle sera valable pour les trois types d’organismes d’assurance santé complémentaire : les assureurs (Axa France, Generali…), les mutuelles (Harmonie mutuelle, la Mutuelle générale…) ainsi que les institutions de prévoyance et les groupes de protection sociale (AG2R la Mondiale, Malakoff Humanis…).
Sur ordonnance ou recommandation médicale
Concrètement, pour bénéficier de ce dispositif, il faudra une ordonnance ou une « orientation médicale » du médecin traitant. Et pour obtenir un remboursement des séances effectuées, il faudra ensuite faire parvenir à son assureur santé la ou les factures émises par le psychologue libéral. Si cette nouvelle disposition est intéressante, elle n’embarque toutefois pas les presque 7 millions de personnes couvertes, avec ou sans participation financière, par la complémentaire santé solidaire. Ce contrat santé est en effet spécifique : il est, d’une part, réservé aux personnes disposant de faibles ressources et, d’autre part, il est à la main des pouvoirs publics.
Une recommandation dans ce sens de la Cour des comptes
Pour mémoire, les séances effectuées auprès d’un psychothérapeute (ou d’un psychanalyste) ne bénéficient aujourd’hui d’aucun remboursement de la part de l’assurance maladie obligatoire. Du côté des contrats complémentaires santé, lorsqu’elle existe (ce qui est davantage le cas avec les contrats obligatoires d’entreprise qu’avec les contrats individuels), cette prise en charge est non seulement forfaitaire, mais elle est surtout anecdotique et limitée à quelques dizaines d’euros par an, comme c’est le cas par exemple pour les séances de médecines douces… Malgré tout, le sujet est sur la table depuis un certain temps. Dans un récent rapport (1), la Cour des comptes recommandait ainsi de « généraliser dès que possible la prise en charge par l’assurance maladie des psychothérapies faites par des psychologues et prescrites par le médecin traitant ». Prise en charge d’ailleurs testée avec succès par l’assurance maladie il y a quelques années, dans 4 départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes et Morbihan).
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(1) « Les parcours dans l’organisation des soins de psychiatrie », février 2021.