Pour assurer la sécurité sanitaire de tous, les réparateurs auto en activité ont pris des mesures drastiques pour désinfecter les véhicules lors de leurs interventions. Mais les assureurs ne veulent pas prendre entièrement en charge ce coût supplémentaire qui reste donc à la charge des clients.
Grands gagnants du confinement, les assureurs enregistrent des économies record, estimées à plus de 2 milliards d’euros, en raison de la baisse de la sinistralité. Et, s’ils rechignent à rembourser leurs sociétaires, ils traînent également des pieds pour prendre en charge le coût des mesures sanitaires mises en œuvre par les réparateurs.
Après avoir refusé toute indemnisation au début de la crise sanitaire, puis proposé 25 € HT de prise en charge, c’est aujourd’hui un forfait global de 30 € HT qui est alloué aux professionnels. Un montant très largement en deçà de la valeur réelle. Le consommateur devra donc mettre la main à la poche pour boucler la facture. Double peine pour certains car cette somme viendra s’ajouter, le cas échéant, à celle de la franchise.
Une prise en charge insuffisante
Dès le confinement, certains réparateurs ont continué leur activité pour permettre notamment au personnel soignant d’entretenir ou de réparer leur voiture. Ces derniers ont alors mis en place un protocole drastique afin de protéger aussi bien les clients que le personnel : désinfection des clefs de contact, de la voiture (poignées de porte, ouverture du capot moteur, tableau de bord, volant…), mise en place de housses de protection (volant, siège, levier de vitesses, frein de stationnement…). Tout cela devant être réalisé plusieurs fois : pour l’expertise (1) (protection de l’expert et du chef d’atelier), lors de la réception du véhicule qui entre dans l’atelier (protection des salariés), de la livraison du véhicule au client (protection des clients). À cela s’ajoute éventuellement deux autres désinfections en cas de prêt d’un véhicule de courtoisie (protection des clients et des employés). Soit, entre 3 et 5 phases. Un réparateur de Charente-Maritime confie que chaque désinfection devrait être facturée 35 € HT (coût du temps passé et du matériel nécessaire). Soit un total compris entre 105 et 175 € HT. Les clients devront alors payer la différence par rapport aux 30 € pris en charge par les assurances, soit 145 € HT au maximum.
Les assurés payent
Catherine (2), dont le véhicule est passé en carrosserie, regrette que l’expert d’un cabinet de Clermont-Ferrand (63) lui ait signifié avoir « un désaccord sur le montant de la réparation avec le réparateur ». Et celui-ci de poursuivre : « Comme indiqué, je vous laisse faire le point avec le réparateur et nous informons votre compagnie de ce désaccord. Pour information, nous ne validerons pas ce supplément de réparation qui restera donc à votre charge. » La Fédération française des carrossiers-réparateurs (FFC) a écrit début mai à la Fédération française des assurances pour demander une prise en charge plus importante afin de limiter l’impact sur la facture finale. La FFC demande également une harmonisation de cette prise en charge car, aujourd’hui, chaque compagnie y va de sa propre mesure. La réponse se fait encore attendre et les consommateurs n’ont pas fini de payer.
Désinfection parfois gratuite pour l’entretien
Lorsqu’il s’agit d’une intervention hors assurance (entretien courant, opération de maintenance…), les réparateurs ne facturent pas toujours de forfait « désinfection ». Par exemple, le spécialiste du remplacement de pare-brise Carglass fait en ce moment sa publicité autour de ce thème et sur le nettoyage complet de l’intérieur du véhicule pour chaque intervention afin de protéger ses clients. L’enseigne Norauto applique quant à elle systématiquement un forfait « sécurité sanitaire Covid-19 », raisonnable, d’un montant de 2,95 € pour toutes les prestations. À noter que les centres proposent en ce moment une prestation spécifique « décontamination et traitement antibactérien » au prix de 49 €. En revanche, certaines concessions, comme c’est le cas chez Volkswagen à Pierrelaye (95), ne demandent aucune participation, même pour une simple révision. Il est donc judicieux de se renseigner avant pour éviter toute mauvaise surprise.
(1) La CFEA (Confédération française des experts en automobile), dans une circulaire du 14 avril, impose aux carrossiers de tout mettre en œuvre pour désinfecter les véhicules clients avant leur intervention d’expertise. Elle précise qu’il n’y aura « pas de déplacement terrain si le réparateur ne confirme pas préalablement avoir isolé et décontaminé le véhicule ».
(2) Le prénom a été changé.
Yves Martin