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Ressources marines – La pêche française doit encore s’améliorer

Malgré des progrès considérables dans la gestion des ressources halieutiques durant les deux dernières décennies, la surpêche touche encore 20 % des captures françaises selon le dernier bilan de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

 

Comment se portent les populations de poissons pêchés en France en 2020 ? Pour la troisième année consécutive, les chercheurs de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) ont tenté de répondre à cette question. Sur les 160 populations qui donnent lieu à une évaluation régulière, 60 % des volumes débarqués seraient issus d’une pêche durable, soit quatre fois plus qu’en 2000. Sur ce total, 47 % proviendraient de stocks en bon état, et 13 % de stocks classés « en cours de reconstitution » ou « reconstituables », selon les derniers résultats de l’Institut. « C’est mieux que l’année précédente, où l’on était à peu près à 50 % de populations non surpêchées, se félicite Alain Biseau, biologiste à l’Ifremer. L’amélioration observée est due principalement à la sardine du golfe de Gascogne qui grossit moins qu’auparavant et intéresse donc moins les pêcheurs et à la coquille Saint-Jacques dont les stocks sont très abondants. » Le thon rouge de Méditerranée qui n’est plus surpêché depuis plusieurs années a également vu sa biomasse augmenter considérablement de même que le merlu de l’Atlantique, le bar de la Manche et de la mer du Nord-Est. La preuve que les diagnostics des scientifiques, s’ils sont suivis par des mesures de gestion limitant les volumes prélevés, portent leurs fruits !

Pour autant, a-t-on atteint les objectifs fixés en 2012 par l’Union européenne, dans le cadre de la politique commune des pêches, à savoir 100 % de pêche durable au plus tard en 2020 ? Bien évidemment non ! 21 % des stocks de poissons étudiés sont encore considérés comme surpêchés, dont 4 % s’avèrent dégradés et 2 % sont qualifiés « d’effondrés ». C’est le cas, entre autres, du merlu en Méditerranée et du cabillaud en mer du Nord et en mer Celtique. Enfin, pour 20 % des populations, il n’existe pas suffisamment de données pour évaluer leur état de santé et les classifier.

Déclin de certaines populations en Méditerranée

Le déclin particulièrement inquiétant de certaines populations comme le merlu ou le rouget barbet en Méditerranée a conduit les États riverains à prendre des mesures dans le cadre de la Politique commune et, à l’échelle internationale, de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée, au sein de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Entré en application en janvier 2020, un nouveau plan de gestion pluriannuel des espèces impose des diminutions du nombre de jours de pêche et la fermeture temporaire de certaines zones pour protéger les nourriceries. Mais il faudra attendre plusieurs années avant d’en observer les effets. « La principale difficulté vient de la grande mixité des pêcheries méditerranéennes », constate Clara Ulrich, directrice scientifique adjointe. Pour les espèces d’intérêt économique pour la France, les 8 populations évaluées représentent seulement 40 % des débarquements. Quant à la petite pêche côtière, les volumes sont trop faibles et les espèces trop nombreuses pour pouvoir être évaluées par les méthodes classiques. « En parallèle, on développe donc des approches plus écosystémiques, et multi-espèces, poursuit Sandrine Viaz, responsable du laboratoire halieutique Méditerranée. On s’intéresse en particulier au poulpe, à la daurade, au loup, pour lesquels on développe des méthodes d’observation alternatives aux méthodes classiques pour une meilleure compréhension de leur cycle de vie, de l’occupation d’espace de ces espèces, et peut-être produire à terme des indices d’abondance. »

Une nouvelle halieutique est donc en train de se dessiner. Même si elle en est encore à ses balbutiements, son développement est d’autant plus nécessaire que le contexte est en plein bouleversement. « Nos évaluations étaient basées sur un environnement supposé stable. Il faut désormais tenir compte du changement climatique, de la pollution, des déséquilibres écologiques qui modifient les réseaux trophiques et les aires de répartition des poissons », conclut François Houllier. Difficile dans ces conditions de prévoir une échéance crédible pour atteindre enfin les 100 % de pêche durable !

L’impact de la pandémie

Malgré des administrations et des criées momentanément fermées, ainsi que des déplacements limités sur le terrain, l’Ifremer a évalué la baisse globale de la production des entreprises de pêche en 2020 à 14 % (moins 40 000 tonnes débarquées), ce qui s’est traduit par une baisse de valeur de 93,5 millions d’euros (soit un recul de 13 % par rapport à 2019). 13 000 jours de pêche ont été perdus par les marins (-10 %). Selon l’Institut, c’est l’une des plus grosses baisses d’activité qu’ait connue la filière depuis nombre d’années, avec des effets cascades comme la réduction des prix de certaines espèces comme la baudroie, l’églefin ou le merlu, liée notamment à la fermeture des cantines et des restaurants.

Des résultats différents

Lors de la dernière étude de l’UFC-Que Choisir sur la pêche durable, les constats étaient bien moins optimistes. La raison : une méthodologie différente qui repose sur des observations dans les étals et qui ajoute à l’état des stocks les méthodes de pêche utilisées alors que ces dernières ne sont pas prises en compte par l’étude de l’Ifremer.

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