Avec la fin du confinement, les cabinets dentaires rouvrent, avec des contraintes sanitaires renforcées. Bien que les délais pour obtenir un rendez-vous risquent de s’allonger, les chirurgiens-dentistes incitent les Français à ne pas négliger leur santé buccodentaire et à appeler leur praticien en cas de problème.
Les cabinets dentaires ont dû fermer leurs portes le 18 mars afin de limiter la propagation du Covid-19. Seuls quelques-uns ont continué à exercer, dans le cadre d’une permanence des soins mise en place par l’Ordre national des chirurgiens-dentistes : un numéro d’urgence, le 09 705 00 205, a été lancé le 26 mars pour désengorger le 15 et orienter les patients, en cas d’urgence, vers un cabinet de garde.
La situation devrait progressivement revenir à la normale depuis le 11 mai, date de sortie du confinement. Les cabinets dentaires seront en effet autorisés à rouvrir. Mais tous ne le feront pas immédiatement. « L’ensemble du matériel de protection nécessaire à la sécurité sanitaire des praticiens et des patients n’est toujours pas à la disposition des chirurgiens-dentistes », alerte le Dr Nathalie Delphin, présidente du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD). Outre les difficultés d’approvisionnement en équipements de protection individuelle (surblouses, gants…), une dotation de 24 masques par dentiste et par semaine est prévue, « mais nous ne pourrons aller les acheter en pharmacie que le 11 mai au matin, et dans la limite des stocks disponibles », note-t-elle.
Même dotés de ces équipements, les chirurgiens-dentistes ne pourront pas reprendre leur travail au même rythme qu’avant la crise, du fait de nouvelles mesures sanitaires. Si l’asepsie, la désinfection, la décontamination, le changement des équipements de protection, etc., font partie des protocoles mis en place par les dentistes depuis fort longtemps, le renforcement de ces obligations et notamment la recommandation d’aérer la salle de soin pendant 15 à 20 minutes après chaque patient va mécaniquement faire baisser le nombre de personnes reçues par jour.
Le délai pour obtenir un rendez-vous risque donc de s’allonger. Pour autant, « il est hors de question de reporter encore sa visite chez le dentiste », alerte le Dr Nathalie Delphin. Alors que déjà beaucoup de soins ont dû être reportés à cause du confinement, « il ne faut pas qu’un patient estime de lui-même qu’il peut attendre ». Le réflexe qui doit prévaloir est celui qui existait avant l’épidémie : « Si j’ai un problème, j’appelle mon chirurgien-dentiste et on analyse ensemble la situation pour estimer si le rendez-vous peut attendre ou pas », résume la praticienne. « Chaque cas est différent ; une visite de contrôle pourra peut-être attendre 15 jours ou un mois, mais pas un soin », insiste-t-elle. Pour optimiser leur emploi du temps, les praticiens prodigueront plus de « traitements globaux », c’est-à-dire le fait de réaliser plusieurs soins en une séance afin de réduire le nombre de rendez-vous. Venir un quart d’heure toutes les semaines chez le dentiste, c’est fini.
5 000 dentistes en difficulté financière
Certains cabinets dentaires ne rouvriront que quelques jours après le 11 mai, le temps pour eux de mettre en place les nouvelles règles sanitaires. Pour d’autres, le rideau risque bien de rester définitivement fermé. Une enquête réalisée par le SFCD montre que 12,5 % des chirurgiens-dentistes envisagent de fermer leur cabinet du fait des conséquences de l’épidémie de Covid-19. « Certains nous disent qu’ils partiront à la retraite plus tôt que prévu, parfois avec 2 ou 3 ans d’avance, ceux dont le cabinet va être en dépôt de bilan, et ceux qui veulent changer de métier car la situation les a mis au tapis », dévoile la syndicaliste. S’y ajoutent les nombreux cabinets qui ne disposent pas des ressources financières pour réaliser les travaux leur permettant de mettre en œuvre les nouveaux protocoles. Au total, près de 5 000 chirurgiens-dentistes sont concernés, selon le SFCD, qui craint une véritable « crise sanitaire ».
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Morgan Bourven